Lily Pinsonneault

Ma querelle, c'est aussi la querelle de tout le monde (pas tout le monde sur la terre, j'sais ben, j'pas épaisse).

Catégorie : Tremolo

La vie palpitante des gens qui ne prennent pas l’avion.

Beeeoonn ben déjà 24 heures que je suis allée te porter à l’aéroport. Le temps passe tellement vite sans toi, ÇA N’A PAS D’ALLURE.

J’ai eu le temps de te checker l’autre bord de la gate, te voir être mal à l’aise de me voir à côté de tes parents c’est pas méchant c’est juste pas notre genre, dire bye à tes parents vite vite parce que j’allais me mettre à brailler, embarquer dans mon char, brailler dans mon char, trouver que les inconnus qui me regardaient, émus, étaient caves parce qu’ils me connaissent pas, je braillais peut-être parce que je venais de perdre ma carte de crédit pis que j’étais pognée dans le stationnement de l’aéroport pour toute ma vie. J’ai eu le temps de partir vers chez nous, arrêter me prendre un café pas buvabe dans un Tsim Horteune parce que dans les trois derniers jours on a genre dormi 45 minutes si on compte les siestes, après ça j’ai eu le temps de recommencer à fumer (ben quoi j’avais arrêté par solidarité pour toi, pas par véritable envie), j’ai eu le temps d’arriver chez nous, me dire que tout se passait bien, finalement, déjà une heure et demie s’était écoulée pis je m’en étais presque pas rendu compte. J’ai eu le temps de monter les escaliers de mon appart, débarrer la porte, voir tes souliers de job laittes dans l’entrée, trouver ça cute que tu te sois acheté des nouveaux souliers pour ta nouvelle vie, enlever mes sandales, brailler un peu quand j’ai pensé à «nouvelle vie», recevoir un appel, dire oui allô, savoir pourquoi Jessy m’appelle, dire à tantôt, aller voir si ma face est potable dans le miroir de la salle de bain, remettre mes sandales, aller jusqu’au coin de la rue prendre une bière avec Jessy pis Sam parce qu’ils trouvaient que je faisais pitié que tout le monde soit parti voir un show de l’ex à Jessy le soir de ton départ, parler de un peu de toi genre de la dernière soirée qu’on a passée ensemble genre avouer qu’on avait vraiment baisé dans la salle de bain chez Sam quand tout le monde nous accusait d’avoir baisé dans la salle de bain.

Ben quoi t’es partie pis ça me donnait l’impression de leur apprendre quelque chose sur nous, j’ai eu le temps leur dire que ça allait bien aller, qu’on s’était rien promis, de faire des jokes sur le fait que Jessy pis moi on va sûrement finir ensemble, dire bye, donner deux becs à Sam, juste un à Jessy parce c’est son style, revenir chez nous, te parler à voix haute dans’ rue comme si t’étais là, arrêter de le faire quand je croisais du monde, calculer une distance moyenne raisonnable entre le passant et moi, recommencer à te parler à voix haute comme si t’étais là, arriver chez nous, voir tes souliers laittes dans l’entrée, me pitcher sur mon cell voir si tu m’avais écrit, me trouver un prétexte dans ma tête pourquoi tu m’avais pas écrit même si on s’était dit qu’on s’écrirait pas et que ça devrait me suffire comme prétexte. Me lever, aller me chercher un verre d’eau parce qu’à force de boire des White Velvet pis brailler je manquais un peu de bave, finalement prendre ma douche parce que crime tant qu’à être rendue à côté de la salle de bain!
Ouf tellement de rebondissements en à peine quelques heures…
Enlever mes vêtements d’un seul coup, penser que je suis dans un vidéoclip tellement la lumière est belle, me regarder les boules dans le miroir, penser à toi, trouver ça niaiseux de me laver àc’t’heure que t’es partie, me demander pourquoi tous ceux qui te connaissent pas se lavent quand même, me glisser dans douche, penser à ta mère qui me regardait comme si c’était moi qui avais eu l’idée de que tu repartes. Sortir de la douche, sentir bon pis trouver que ça sert à rien de sentir bon à’c’t’heure que t’es partie. Après six heures de faites sans toi déjà, les choses se passaient bien, j’avais sommeil, même si t’étais pas là, j’allais enfin pouvoir dormir, j’avais l’impression que ça faisait très longtemps que j’avais pas autant eu sommeil, en fait.

Quinze heures après ton départ, ça s’est un peu gâté parce que je me suis réveillée pis il pleuvait un peu dehors, mais je me suis quand même levée, ma fenêtre était ouverte ça sentait bon l’automne. Je trouvais que ça servait à rien que mes draps se rafraichissent parce que j’avais même pas chaud. Mes colocs avaient eu le temps de revenir chez nous, ils m’ont tous regardée comme si j’avais enterré quelqu’un la veille, j’ai fait une joke comme quoi que j’t’avais pas enterrée, tu t’étais envolée, personne a ri, sauf moi, mais moi c’était juste pour avoir l’air moins destroy, après ça je me suis fait un bol de céréales qui a eu le temps de ramollir le temps que je contais à mes colocs quand on a baisé ensemble dans la salle de bain chez Sam la soirée de ton party de départ. Tu sais que d’habitude Caro me gosse le matin, mais là, je dois avouer que tout l’intérêt qu’elle portait à ma petite histoire me donnait envie de mettre de plus en plus de détails, cette fois-là dans la salle de bain chez Sam, après s’être mangé la face on s’était dit que c’était correct, qu’on allait faire ton départ, au complet, qu’après on vivrait avec, chacune de notre bord, qu’on devait réapprendre à vivre une sans l’autre, que l’été dure pas toute la vie, qu’il fallait qu’on fasse l’hiver sans trop perdre de morceaux, parce qu’on est trop jeunes pour utiliser des mots comme «toujours» pis «jamais». Je me sentais tellement forte à ce moment-là sur la laveuse chez Sam parce que c’est moi qui te consolais, tu tremblais, t’es tellement drama c’est cute. T’avais peur pis c’est moi qui te disais de le faire faque je me disais que c’était moi la chef, j’avais du pouvoir sur la situation, c’était correct.

Caro a eu le temps de m’avouer qu’a nous avait toujours trouvées vraiment cutes ensemble, je me demandais si je pouvais pas l’enregistrer entrain de le dire pour te l’envoyer, mais j’ai gardé ça au stade de la réflexion. Fuck déjà dix-huit heures depuis ton départ ça va bien mes affaires en plus demain je recommence l’école ça va aller vite à partir de là tellement peu de temps à t’accorder dans ma tête, tellement de projets sur lesquels travailler, tellement d’Atlas à éplucher, tellement de nouveaux amis à rencontrer, le peu de temps que j’aurai pour penser à toi me fait presque paniquer.
J’ai eu l’idée d’aller m’acheter des souliers pour la rentrée parce que je voulais pouvoir laisser mes sandales dans l’entrée chez nous mettons les laisser à côté de tes souliers laittes de job les laisser semelle à semelle dans l’entrée au moins jusqu’au mois de décembre, pas les bouger d’ici-là juste toujours les voir en revenant chez nous pis me rappeler qu’un moment donné pendant que t’enlevais tes souliers laittes de job à côté de moi, j’enlevais mes sandales à côté de toi pis que c’était normal. J’ai trouvé des beaux souliers pour ma nouvelle vie moi too, je voulais les prendre en photo et te l’envoyer, mais je l’ai pas fait je suis full bonne pour pas t’envoyer des photos de mon quotidien à date. J’ai soupé de l’air avec un bout d’ananas. Je sais ben qu’on est pas censé avoir un amour d’été passé l’âge de comme douze, ça fait bébé, mais qu’est-ce tu veux, j’allais pas passer à côté de toi certain juste parce que je suis passée date dans les amours d’été juvéniles.
Une fois, t’avais fumé un pot ou deux de trop pis là je t’aidais à enlever tes souliers laittes de job, tu avais levé tes yeux dans graisse de bines rouges vers moi tu m’avais demandé quand est-ce que j’allais t’oublier j’avais dit : Deux minutes après ton départ épaisse.

2013-05-11 14.09.59

Ben c’est ça là fait vingt-quatre heures j’suis dans mon entrée pis j’essaie de placer mes sandales pis tes souliers laittes de job de manière à ce que ça fasse l’effet comme si on les avait enlevées full vite pour aller dans douche en arrivant.

Te souhaiter la mort. Joke.

Ça m’a mis en beau maudit tantôt j’étais à l’épicerie pis j’ai vu des croquettes au miel comme celles que tu mangeais tout le temps bi oui t’aimais ça bi oui les bonnes croquettes miam miam bon ça recommence je te parle comme si t’étais un chien ça a fait son effet pendant un certain temps je te jure ça m’aidait à faire comme si t’étais juste parti au paradis des chiens ayoye chu ben weird çam fait de la peine.

J’ai vu tes croquants au miel pis ça m’est monté aux yeux comme la moutarde au nez mais din yeux en tout cas t’as compris. J’ai encore une vieille boîte qui traine chez nous pis ça m’arrive pas chaque fois que je la vois sur la tablette, panique pas (je dis panique pas, mais je me le dis surtout à moi en ce moment, ça s’appelle de la projection mais tu le sais t’es tellement BRIGHT). Je me suis souvenu la fois où t’as découvert que ce serait tes céréales préférées, à l’avenir. Je me suis souvenu l’achat du lait qui servirait d’accompagnement à ta nouvelle passion, je me suis souvenu que moi ce soir-là j’avais acheté du popcorn pis que finalement j’avais des regrets parce que tes céréales avait l’air vraiment bonnes. Je me suis souvenu toute ça din coup rienk din coup pif paf pouf kin la grosse, bon mardi! Dans ce temps-là on s’aimait faque tu t’en crissais de me donner un bol de tes céréales, mais t’avais quand même dit que tu faisais toujours des choix vraiment plus judicieux que les miens juste pour dire quelque chose j’imagine je doute que tu le pensais vraiment parce qu’on s’aimait je sais pas si tu t’en souviens, toi?

J’ai payé mes shits à l’épicerie genre des graines de CHIA parce que tout le monde en met partout faque j’en veux dans mes armoires juste pour pu pas en avoir. En revenant chez nous, je me suis demandé c’est quand dans une relation que tu peux faire des statements genre : «Wow c’est vraiment rendu ma sorte de céréales préférées» pis que la personne à qui tu t’adresses répondes : «Good good» ou rien vraiment et continue de faire ses trucs.

Mon voisin date des filles à tour de rôle, si j’étais du genre à dire tout haut ce que je pense secrètement tout bas ben je dirais que ce gars-là pis ses allers et ses venues me gardent en vie ces temps-ci, mon hamster pense à ses affaires à lui, je pense moins aux miennes pis les rires des filles qu’il fait rire comblent le silence de mon appart chez nous le dimanche.

Tka c’est pas de ça que je parle. Il laisse sa fenêtre ouverte sur son souper faque moi too, je prends ça comme une invitation, j’écoute leurs soupers pis estique qu’ils sont pas à veille de se dire des affaires comme se confier leurs nouvelles quelques choses préférées. Moi, je savais tes sortes de préférées avant les croquants, t’as même eu une passe toast au beurre de pean, mais t’es plus céréales faque c’est ben sûr que ça a pas tougher plus que la fin de semaine plus le lundi matin. C’est à l’épicerie, ce lundi soir-là que t’as trouvé tes croquants et c’était fini l’errance céréalière. Les mois qui ont suivi, si je te demandais si t’avais besoin de quelque chose à l’épicerie, tu faisais juste dire que t’étais low sur tes déjeuners et je comprenais. Il y a aussi plein d’autres petits trucs desquels je connaissais ton historique de préférés. Tes destinations voyage de rêve (mais ça compte pas vraiment parce que tes destinations de rêve, c’était juste celles où tu prévoyais aller), ton vêtement préféré (ça a commencé par pull, c’est devenu tuque puis bas), ta place préférée dans la classe (première journée au fond, deuxième journée tu regrettes tu t’avances de plus en plus après ça tu regrettes tu recules tranquillement). Pourquoi on se disait ça je sais pas. Récemment j’ai daté eee non je date un gars depuis huit mois pis un moment donné, il a commencé sa phrase par : «Quand j’étais au Pérou». JE SAVAIS MÊME PAS QU’IL AVAIT ÉTÉ AU PÉROU. Quand j’ai dit : «JE SAVAIS MÊME PAS QUE TU ÉTAIS ALLÉ AU PÉROU!» Il m’a répondu de manière agacée que oui, il y avait été, que ça faisait longtemps. So what maudit moron t’aurais pu m’en parler, c’est beau la carte du mystère on a catché ton mystère c’est gossant ben raide c’est toujours un concours de celui qui parle le moins. Je suis vraiment pas à veille de lui dire que j’ai une nouvelle passion pour les savons hydratants à la senteur de légumes parce que je serais obligée d’avouer que par légumes je veux dire concombre pis il trouverait ça sûrement bébé.

Je suis plus capable de m’emballer pour des niaiseries pis je me crispe la face quand j’y pense parce que je sais que y’était un temps où c’était ma plus grande qualité dans mon réseau social. Quand je pense à moi qui s’emballe je me trouve dégueue je me dis ouash tu peux ben être toute seule! t’emballer pour des niaiseries non mais contiens-toi donc petite côlique d’énarvée. Hahah ookkkk t’es cute tu penses que ça intéresse quelqu’un tes tites collections de marde de tits aimants à frigo honnnnnnn qu’est cute la petite kokonne! Des fois je me dis woh je suis donc ben rough ok bon on va jouer au jeu des qualités (se trouver une qualité sur le champ) des affaires de même après ça je me rends compte que je suis rendue trop loin (encore) HELP. Une qualité? L’imagination 🙂 ok, on continue!

Quand je te parle dans ma tête je t’appelle encore mon amour, chu tu bizz buzz fucked up too late? Quand je pense à toi, j’ai un beau gros sentiment de tendresse et d’affection et de tous ces synonymes qui veulent dire amoureux, mais pas dit directement parce que ce serait déplacé. Je suis-tu folle sois honnête s.t.p. Je le prendrais très mal, mais je comprendrais surtout que c’est pas réciproque ces sentiments purs et beaux mais pas si simples. Je comprendrais, folle n’égale pas épaisse. J’ai l’impression que je joue toujours un personnage de fille cool. C’est fatiguantttttttttttttt.

Au-delà du fait que je m’emmerde pis que je suis tannée de me mettre toujours belle pour un gars qui sait même pas encore que je frise tellement je m’étire toujours les cheveux avant d’aller le voir, des fois tu me manques pis pour plus que le fait que j’avais pas peur de friser devant toi. Tu me manques pour des conneries. Pour tes conneries pour nos conneries. Savais-tu que mes parents trippaient même pas tant que ça sur toi? Ouais. Ils s’en foutaient un peu de toi, ils te trouvaient gentil, mais ils avaient pas full d’intérêt pour toi. Je sais c’est fou han, ils me l’ont dit v’là pas longtemps. Sais-tu quoi bon je vais te le dire je vais pas faire de suspense ce serait niaiseux dans une lettre que j’écris pour moi-même. Sais-tu quoi je le ressentais un peu, mais je m’en foutais, je m’en foutais que tu sois pas toujours entrain de faire des jongleries connes pour qu’ils t’aiment t’étais full relax c’est une belle qualité à avoir quand il y a des parents d’impliqués et surtout ça m’inquiétait pas parce qu’après le souper avec les parents, je savais que c’était là que le fun commençait quand on était juste toués deux, c’était ça, le plus le fun. Des fois je m’imagine partir en voyage avec l’autre dude qui refuse de me parler de son estique de voyage au Pérou pis je me dis qu’on va un peu s’emmerder, mais c’est mon secret, je lui dirai pas parce qu’il est beau et que je suis pas tant sur une lancée de confiance en moi ces temps-ci faque le voir de temps en temps ça m’empêche de penser à d’autres choses plus plates.

T’en fous-tu ou ben si des fois, toi aussi, tu penses à me faire des mèches avec un surligneur rose dans les cheveux pour que j’ai l’air de P!nk au complet quand je fais le ménage? C’est un peu ça aussi qui fait que je suis en maudit quand je vois tes vieilles croquettes molles sur une tablette à l’épicerie. Je sais pas si tu en manges encore, mais si oui ÉTOUFFE-TOI DONC AVEC. Pis c’est là que tu me répondrais : «Hey toé. Meurs donc». Pis qu’on rirait.

L’affaire que je voudrais te dire aussi c’est qu’en plus de pogner un deux minutes devant tes croquants à l’épicerie taleure, quand je m’imagine partir avec toi, j’imagine que j’apporte juste mon maillot pis une photo de nous deux d’un coup qu’on se perd pour qu’on se retrouve plus vite. Have you seen him? I lost him. Help me please? T’as jamais eu peur de moi ça faisait du bien tu t’en foutais que je trippe sur la musique de Noël de façon excessive et que je mette de la musique pas underground pour faire le ménage. Tu t’en foutais, juste, s’en foutre. Me semble çam ferait du bien là que tu viennes t’en crisser un peu à côté de moi. Rien besoin de faire. Juste pas sourciller. Juste trouver ça normal. Juste.

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Tu t’en foutais que je t’écrive des lettres qui t’étaient plus ou moins adressées et que finalement elles se retrouvent dans ta boîte aux lettres.

Une histoire de métro ou de déshonneur ou de bassiste je sais pas. Une histoire cheap en tka.

Son apparition
Au début on savait pas trop comment se placer on était tous seuls depuis tellement longtemps chacun de notre bord, on savait pas trop t’sais j’avais une sacoche que je mettais à côté de moi dans le métro pis là d’un coup y’est apparu à côté de moi, c’est bizarre, avoue. Pas bizarre pas-correct, mais bizarre dans le sens yo t’es assis à la place de ma sacoche pis t’es pas un sac à dos, t’en as même pas l’air, t’as deux bras pis une jambe aussi haha non c’est pas vrai y’a deux jambes.

Comment je fais mon métro
D’habitude aussi dans le métro pour pas me rendre compte qu’on est des êtres humains serrés les uns sur les autres sans notre total consentement, je me concentre sur mes cuticules. J’ai les plus beaux cuticules de l’île, je pense, sont full bien rentrés par en-dedans pis si METTONS advienne que j’ai du vernis ben j’te jure, Beaubien-Snowdon y’a pas grand couleur qui résiste à mes palpitations d’agoraphobe en voie d’être avouée.

Le petit train-train
Faque là c’est ça, du jour au lendemain y’était là, à côté de moi avec ses deux jambes fonctionnelles, j’avais pas à le porter, j’avais même pas à lui parler si ça me tentait pas, il dépendait pas de moi non plus, il faisait ses propres affaires style-métro sans mon approbation, il changeait sa musique tout seul comme un grand j’ai pas à me plaindre. L’affaire c’est que si l’envie me pognait de sortir quatre stations trop tôt parce que je feelais pas de l’entassement, fallait que j’attende quelqu’un, c’est ça le bizarre dans l’histoire, mais pas bizarre-pas-correct, un bizarre quand même cool même si je pouvais pus juste me pousser pis me concentrer sur les marches que j’avais à monter avant d’arriver à mon bel air frais d’amour.

Petit train va loin en bitch
En tout cas, c’était fucké y’était à côté de moi dans le métro c’est ça que je dis, il était là, il était là aussi quand je prenais mon café, il était là aussi quand je me changeais de vêtements mettons, brossais les dents tka hygiène t’as compris y’était toujours là. Aussi y’était là quand j’allais prendre un verre avec mon ancien coloc il saluait aussi mes amis dans la rue, j’allais travailler, il était là lors de mon départ, même qu’il me disait bonne journée. Toujours toujours autour le gars je te dis. J’étais pas contre je t’avertis. Je revenais d’une fin de semaine toute seule sans lui à côté de moi et j’avais l’impression qu’on avait traversé un nouveau millénaire un sans l’autre que ça avait été le bug de l’an deux mille sans les lunettes cheaps, j’allais le rejoindre où y’était pis je disais :
Aller rembarque, reprends ton bord on continue, j’ai failli suffoquer le temps que t’étais pas là on recommence pu ok ? Il disait : Non non inquiète-toi pas. Je disais : Notre enfant avec tes gros yeux de vache et moi quand j’étais jeune je frisais elle va être belle en bitch.
Il disait que quand je parlais de notre enfant je shakais un peu pis je le regardais pas dans les yeux je comprends c’est stressant un enfant, quand même moins que le métro mais presque autant, la différence c’est que je peux pas sortir plus tôt avec le babe faut que je fasse la run au complet je peux pas descendre en plein milieu, prétexter la suffocation, c’est sans doute pour ça que j’ai pas fait le pacte des yeux en parlant de notre enfant en tout cas on continue.

Comment on faisait notre Métro
Rendus à l’épicerie, il était là encore et c’est pas un caissier de profession, non, c’est un prince de profession, il était là avec moi parce qu’il avait faim, comme moi, ayoye on était trop pareils wow quand j’y pense, voyons pourquoi je deviens sarcastique tout à coup ok j’arrête c’est pas un texte funné. Il m’aidait à choisir notre avocat, le meilleur pour la meilleure qu’il disait c’est quétaine, j’aime ça, on l’était tout le temps souvent pis on prenait du melon d’eau pour dessert parce que c’est mon dessert préféré, les chips vinaigre balsamique aussi, mais ça, c’était un jour sur deux faut alterner t’sais jeunes gens dans la fleur de sel.

Mes soins capillaires
Il était tellement tout le temps là que j’avais pas le choix de me mouiller les cheveux quand je prenais ma douche avec lui sinon je les aurais jamais mouiller, je serais la fille avec les cheveux les plus secs sur la terre, j’aurais aimé ça rester cute tout le temps, mais il m’avait vue les cheveux mouillés au début pis y’avait rien dit faque j’avais répété l’expérience.

L’amour par extension (pas extension pour cheveux, les soins capillaires c’est juste en haut).
Quoi d’autre ah oui il parlait à mes parents de façon quand même relaxe, il vouvoyait encore mon père, pas ma mère, j’ai jamais su pourquoi faut tu que je m’inquiète coudonc bof j’y penserai en temps et lieu là je suis pas mal sûre que c’est ni un ni l’autre. C’est hot des parents hot, pis c’est hot d’emmener quelqu’un chez vous qui sait parler pis qui leur fait une démonstration de son don acquis de la parlure c’est hot aussi de voir la face de tes parents quand sont contents que quelqu’un de respectable prenne soin de toi de façon respectable, ils pensaient même pu que ça pouvait arriver pis là quand ça arrive pis sont émus ça fait que c’est beau pis le fun en même temps. ->Beaun.

L’amour 2.0
On se prenait en vidéo des fois un pour l’autre. Filmez vous les uns les autres comme je vous ai filmés qu’on dit ben c’est ça on se faisait des vidéos on était de notre temps en temps. On disait : Montre-moi ta chambre, Montre-moi le paysage, T’es niaiseux enlève tes doigts de ton nez, c’est pas très princier comme comportement! (Ouais bofffff cette partie est plate un peu je vais la skipper parce que j’ai pas de supports visuels c’est long comme bout.)

La portée dans le temps
Bon, après un certain temps on se câlinait autant, oui oui, mais pas de la même façon, tellement pas de la même façon que je dirais qu’on se câlinait différemment. T’sais, je sais, ce sont des affaires normales que je dis là, quand on s’est câliné tellement d’une certaine façon, cette façon devient ternie un peu, elle perd de son SPÉCIAL. De son PREMIERS TEMPS, ahhh toujours se référer aux premiers temps d’une relation faut tu être attardé estique. Dans les premiers temps de ma relation avec mon grand-père il me donnait une piastre pour que j’aille au dép m’acheter 100 bonbons à une cenne je suis tu toujours entrain de lui en parler non, j’en suis revenue pourquoi je reviens pas des autres premiers temps de ma vie ayoye j’ai des premiers temps issues. Je sais tout ça. Qu’on se le tienne pour dit, je SAIS tout ça. Maintenant que cette connaissance/conscience-là de ma part est établie, la suite.

L’amour norm-core
Et là ben j’ai vu un gars qui jouait de la basse dans un show.

L’amour norm-core (suite)
Ouash han que j’ai écrit cette phrase-là, je suis mon propre interlocuteur pis je me juge vraiment en la relisant, je suis horriblement décevante, je suis tellement dans la masse. Les gars qui jouent de la basse, c’est moi ça, c’est tout-à-fait moi, je perds tous mes moyens devant un EP de groupe émergent je suis la grande populasse, je suis la pire plèbe, je voudrais jamais avoir écrit cette phrase concernant le gars à la basse mais c’est fait je dois assumer, le gars à la basse a vraiment existé je l’ai regardé baiser sa basse sur le stage en m’imaginant que c’était moi, on dira ce qu’on voudra c’est vrai que les bassistes c’est les fuckés, il baisait vraiment sa basse, oui ok j’ai beaucoup d’imagination, mais lui y’a aussi vraiment du culot din culottes. Il est venu me voir après son petit spectacle de musique avec son EP dans le sourire même si mon prince était à côté de moi. Je suis allée sur la fanpage du groupe en cachette en arrivant chez nous, ben voyons donc je fais donc ben pitié comme fille.

Le monde sur les paquets de clopes
Mon prince disait toujours que fumer ça allait me tuer, comme le monde sur les paquets de clops (aye inter-titre vraiment original) je disais : Ben non inquiète-toi pas je reviens. Avoir su ce que ce soir-là ma clope allait NOUS tuer je pense que j’aurais jamais touché à la nicotine genre comme dans l’effet papillon la première puff que j’ai prise dans ma vie j’y retournerais pis j’y cracherais dans la face (à la clope). Mais non l’effet papillon c’est un film, ma vie à moi, c’est pas un film, je suis UNE dans la FOULE d’autre comme moi, petite parmi les autres comme moi, je suis UNE parmi LES, chaque jour le monde ordinaire comme moi pis moi on se rejoint pas mal toujours aux mêmes heures dans des endroits confinés, conventum de gens ordinaires vers 8:00 dans le métro c’est beau à voir.

Une puff qui tousse
Je suis allée fumer des clops une coupeule de fois chez le gars avec sa basse dans ma face, même si des fois elle était rangée je l’imaginais quand même entre nous deux, on s’est regardés cochons tellement longtemps que j’ai fini par mentir à tout le monde. Je disais : Reviens-en de sa basse! C’est mon ami, c’est tout! On a le droit d’avoir des amis! Calme-toi voyons t’es ben parano! Il va pas bien ces temps-ci, il dit qu’il a besoin de moi! Ben oui je l’aime encore, mais c’est pu comme au début…

Sa disparition
J’ai laissé tomber mon prince pis mes principes pour une basse cheap. Non, je pense pas que c’était une basse cheap, je peux pas dire qu’elle était cheap non, même si je voulais je pourrais pas, je connais pas ça pentoute les basses, si j’avais à en magasiner une j’irais genre sur radioshack.com, c’est dég je sais. Je me donne le bénéfice du doute sur la cheaperie de la basse, mais le reste je sais que ça accotait pas mal le ratio cheaperie du Rossy ou des magasins à cossins comme ça. J’entre des fois en ayant besoin de rien, pis j’achète toujours quelque chose même si c’est juste un paquet de gommes, je veux quand même aller voir si y’ont pas du nouveau stock à m’offrir. M’offrir? Ben non je paie. Après l’épisode de mon bassiste que j’appelle Rossy maintenant dans ma tête, ben mon prince, y’est parti, y’était pu jamais là, jamais jamais là. Maintenant je cours pour sortir du métro souvent, parce que je suffoque en maudit ces temps-ci, mais c’est niaiseux si j’attends quelqu’un.  Y’a personne, Rossy y’est parti en tournée des bars à côté de chez lui et y’a oublié de m’inviter une coupeule de fois depuis que j’y ai acheté un paquet de gommes.

Vidéo important

En plus j’ai même pas eu d’autographe 😦 . (AYE TANT QU’À ÊTRE DÉGUEUE ALLONS-Y)

La fin du monde, c’est la maison au bout de ma rue.

Depuis un mois, quand je me lève le matin, vers cinq heures, pour aller travailler, ouais pour aller à mon travail, je me lève à cinq heures. C’est quoi mon travail? C’est pas compliqué c’est quoi mon travail, je travaille comme esclave dans un restaurant. Oui, je suis une esclave, une esclave des refills, je suis une esclave des commandes compliquées pourquoi tu prends pas deux œufs bacon comme tout le monde ok je veux bien te mettre des tomates au lieu des patates, mais arrête là s.t.p. genre une toast de pain blanc et une de pain brun en accompagnement, c’est normal que ce soit pas une touche rapide dans la caisse pis si tu commandes un café et que je te le donne pas dans la minute qui suit, ben c’est correct aussi parce qu’une minute c’est pas long et non ce n’est pas justifié que tu me regardes avec dégoût parce que j’ai beurré tes toasts alors que d’habitude tu prends toujours avec-pas-de-beurre. Quand le restaurant portera ton nom je m’en souviendrai, en attendant, j’ai une idée, crosse-toi donc avec ce beau beurre-là, tu vas peut-être dépogner du cul. Oh my god c’est tellement vulgaire. Sorry. C’est juste que c’est tellement pas la fin du monde, de répéter des trucs pour être sûr que tout le monde s’est bien compris, c’est tellement pas la fin du monde de dire s.t.p., merci, bonne journée, c’est tellement pas la fin du monde d’aller au restaurant déjeuner tranquille sans que le monde qui te sert devienne ton esclave le temps de deux toasts pain brun ménage avec-pas-de-beurre pis un grand café,

–       On a juste un format de café.
–       Ben d’habitude, je prends un gros café.
–       Ok d’habitude tu prends un gros café, mais on a juste un format de café (fak je te crois pas).
–       Bon ben je vais t’en prendre un quand même, même si c’est un petit.

Faut tu que je dise merci dans ce temps-là je sais jamais…

La vraie fin du monde, c’est la maison au bout de ma rue, c’est ça, la vraie fin du monde. Quand je me lève le matin, à cinq heures, pour aller être l’esclave des «toasts pain blanc pas trop grillées pas trop de beurre» pis des cafés lattés avec

–       Ben trop de mousse dedans.
–       J’ai pas mis de mousse madame.
–       Ben c’est quoi ÇA.
–       Ben c’est le lait chaud il mousse un peu sur les bords du verre.
–       Ben je t’avais dit pas de mousse.

En tout cas. Juste dire que la lumière dans le salon de la maison au bout de ma rue est déjà allumée, à cinq heures le matin et je suis contente parce que le soir, quand je me couche vraiment tôt, je dirai pas quelle heure parce que ça fait comme si j’avais dix ans, ben la lumière est aussi allumée à ce moment-là. Pendant la nuit, si je me lève, j’ai développé comme une espèce d’obsession je l’avoue, ben je vais voir et puis ben, la lumière dans le salon de la maison au bout de ma rue, ben elle est allumée. Je suis pas épaisse là, y’a du va et du viens dans cette maison-là, je capote pas à propos d’une lumière restée allumée, non, la maison dans laquelle la lumière est allumée, je vois qu’il y a de la vie dans cette maison-là et ça me rassure.

Dans cette maison-là où y’a de la vie, au bout de ma rue et ça me rassure, je suis contente que la lumière y soit allumée.

Y’a comme quelque chose que je veux dire, mais que je prends trois cent milliards de détours pour le dire pis c’est niaiseux parce que pour le moment ben y’a de la lumière et je suis contente. L’affaire c’est que, dans cette maison à la lumière allumée la nuit et le matin très tôt au bout de ma rue où il y a de la vie, il y a aussi une dame qui s’est fait dire récemment que son chum des quarante dernières années, ben ce sont les dernières nuits qui passe avec sa blonde des quarante dernières années. Fak moi quand je vois cette lumière-là dans le salon allumée, j’ai l’impression que la maison me fait un clin d’œil, je me dis qu’ils se racontent leur vie en la commentant, dans une grosse doudou, je m’imagine qu’ils parlent toute la nuit, ensemble, dans le salon, c’est ça que je m’imagine, quand je passe devant la Maison Clin d’Oeil pour aller travailler, je sais pas si quand le temps est conté on l’utilise pour faire des nouveaux souvenirs ou revisiter les anciens, ça, je sais pas, j’ai pas encore décidé ce que j’imagine de ce côté-là, sauf que je sais que j’imagine qu’ils se font à déjeuner, tranquilles, deux toasts pain brun ménage peut-être, ça sent les toasts dans ma tête et ça sent le café fort aussi. Ils petit-déjeunent trois fois par jour, pas pressés de voir le jour finir, c’est ça que je m’imagine.

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La fin du monde, c’est cette maison-là, au bout de ma rue, que la lumière s’est éteinte hier en fin de soirée, pis qu’elle s’est pas rallumée depuis.

On va faire le tour du monde, le tour du monde, le tour du monde, on va faire le tour du monde, pis on va aimer çâââ.

Bienvenue à bord,
de ce petit avion,
de la grandeur comme ça

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On ira nulle part, en faisant mille détours pour s’y rendre, quesser tu veux, on est jamais pressés quand on est ensemble en plus, pour notre prochain voyage, on se rend à l’évidence, fuck on l’a pas vue venir.

Tka on ira au fond des choses,
faire le tour du monde qu’on connaît, celui qu’on connaît moins aussi inquiète-toi pas, tu vas les faire tes découvertes, je te regarderai aller, je prendrai des notes en prose versifiée.
On règlera son sort, au monde, son compte, au monde.

Je veux aller sur la lune avec toi
Cent fois, aller-retour
Manger de la pizza avec toi pis que t’écrives mon nom en ketchup dessus, tu trouves toujours ça full drôle faire ça, ça pis le licher après, it’s ok with me.

Aller au bout du monde, on va l’explorer de la racine de ses cheveux jusqu’à la plante de ses pieds, en passant par ta chambre, on tourne à gauche dans la mienne, on pognera le fix sur mes posters, les pieds accotés sur le mur, on ira voir tes parents, sont smatts, ta mère nous fera un lunch pis des caresses avant de partir, ton père pleurera pas fort parce que c’est un homme un vrai, on boira 32 café avec eux, on dira salut à ta soeur je la trouve tellement belle peut-être je vais lui passer la main dans les cheveux ou te dire pas fort : «j’aimerais ça qu’elle m’aime comme je l’aime» après ça on sacrera notre camp à l’autre bout de la terre ferme et de la terre molle que d’autres appellent l’eau beeeeonnn.

Dors bien, mon amou’
Demain on part pour 2 minutes
Sauf, ce sera écrit 3 ans sur le calendrier, oups
C’est pas parce qu’on est pas sous le même toit, qu’on est pas dans le même bateau, c’est ce que je me tue à te dire. Je me tue pas vraiment, mais je m’époumone c’est pas se tuer mais ça fait mal pareil don’t try this at home, c’est pas non plus parce que t’es grand que tu te sens pas petit, tu catches.

Ok, on pratique;
«Y’a-t-il un commandant à bord»
Tu réponds : Oui
That’s it.

Je vais avoir mon propre avion, je vais me parker à tes côtés : «Yesss hello, ah ben bonjour monsieur 18 comment allez-vous, avez-vous croiser monsieur 10 aujourd’hui?» (joke de STM à bord d’un 6-49, l’avion-loterie dans laquelle j’aurai gagné mon permis). Je sais déjà ce que tu vas dire, tu vas dire : Ouashhhhhahahahaha.

Pourquoi tu fais semblant que tu comprends pas le polonais, ça m’étonne chaque fois qui est-ce que tu penses avoir avec ta langue familiale inventée, parle-moi avec les yeux ça fait l’affaire voyons. Je vais mettre mes cheveux dans ton poil de chest encore et toujours, on sera pas pressés de faire le tri, (this you poil, this mine, giveeeee ok on recommence).

Je peux te montrer à faire de l’héroïne si tu veux passer le temps quand on sera séparés, c’est pas compliqué c’est ça que j’écoutais dans ma chambre l’autre fois pendant que tu t’occupais du reste du monde, tu sauves le monde tout le temps mettons un monde par jour, c’est pas rien, Docteur Dodo. L’autre jour, moi j’ai sauvé une araignée pis quand je dis ça c’est que je l’ai pas tuée finalement, c’est rien ça comme sauvetage, faut j’arrête de parler de ça comme d’un sauvetage. Je te fais une promesse de sauvetage; si un jour t’es toi-même trop fatigué, je vais prendre le relais, je te réparerai le cœur-moteur, je revisserai tes grandes jambes-roues slakes, réalignerai tes ailes-bras, j’mettrai du café-gasoline su’l poêle, après ça je te prendrai sur mon dos et je t’emmènerai dormir longtemps, je m’allongerai à tes côtés, en cas de panique saches que moi je dormirai pas, je vais te regarder le faire, le dodo, de temps en temps je te toucherai avec mon index pour me rendre compte que t’es là, de temps en temps me je me coucherai sur le dos pour juste t’écouter respirer. Et voilà, c’est comme ça qu’on fait de l’héroïne. Faut pas en faire trop souvent, on le sait nous deux, on a tendance à exagérer un sur l’autre, dans ma tête, c’est en désintoxe que tu t’en vas.

T’es mon fix, mon fix.

Va-t’en loin inquiète-toi pas pour le reste, je vais toujours boire la blanche dans les 12 de Boréale ok t’auras jamais à boire la blanche, aussi je vais aller avec Boobie au Vices il se rendra pas compte que je suis pas toi, je porterai ma grande âme pour te ressembler. Quand on va se revoir ça va rien changer à ce qu’on fait d’habitude je te jure, tu vas conduire notre avion jusqu’à l’autre boute de quelque chose pis je vais être le dijé, en même temps, je vais te dire à gauche, à droite, merci beaucoup, faut pas oublier ça, quand mon cœur s’emballera tu diras ok on va s’arrêter deux secondes, après ça on va repartir 12 ans en quelque part je te dis on est pas pressés, on va aller passer six mois à l’épicerie, on va faire semblant qu’on sort ensemble on est full bons là-dedans quand je te dis pas qu’on est entrain de faire semblant, faire semblant c’est pas ton fort, j’pas fâchée quand j’y pense, c’est quand même rare des gens comme toi, dans le sens qui ont ta face en même temps que tes valeurs. Ma mère dit : «Y’a vraiment une gueule de star de cinéma» et je réponds rien vraiment je fais toujours ça quand je trouve que les gens ont raison et que je sais pas quoi ajouter qui a l’air intelligent. La preuve l’autre fois t’as dit : «Peut-être qu’on se revoit pas avant un bout» j’ai rien répondu à part peut-être: «hmm» si je me souviens bien, mais tu sais je me souviens jamais très bien alors sans doute que j’ai rien répondu.

Sais-tu quoi
Avec toi, c’est comme si on jouait toujours au jeu de la confiance pis que c’est toi qui gagnes tout le temps, mais je me tanne pas de jouer, tu dis ouin mais y’a pas vraiment juste un gagnant au jeu de la confiance, si c’est joué comme du monde les deux gagnent AYE LE PHILOSOPHE silencio leviosa ok. Je ferme les yeux je me pitche dans le vide pis tu m’attrapes, tu gagnes (ma confiance), tout le temps. Y’a des affaires qu’on dit juste au monde qu’on sait qui va rester, c’est peut-être pour ça que je me parle toujours dans ma tête ou à toi su’l balcon le soir tard, mais juste quand y fait noir comme ça tu sais pas quisser qui dit ces énormités-là. Tu t’en doutes là t’es pas attardé mental, mais tu souris, juste. Pas juste un sourire, quand même. Le genre sourire qui dit j’te vois pas ma maudite, mais si j’te pogne, j’te sac’ su’ ton lit avec un bas dans yeul’. Y’a que toi pour me sacrer des bas dans yeul’ et que je RISE je te jure.

2013-06-28 02.20.26

*** T’es pas capable de faire semblant, mais je vais mettre ma petite robe noire tu vas bander pour vrai anywayz.

Mon amie vraiment chanceuse.

–       On va te prendre un réchaud, ma belle, avec le sujet duquel on jase, on va en avoir de besoin.
–       Ah ouin, les gros débats ‘a matin, attendez donc au moins qui soit neuf heures… (ma répartie matinale)
–       On parle de vieillesse, tu peux pas comprendre toi, tu penses que t’as la vie devant toi, tu penses que ça t’arrivera jamais, vieillir, tu penses que tu vas avoir ces pommettes roses-là toute ta vie, tu penses que y’a rien qui va descendre, que tout va rester à sa place.
–       Ok.
–       Ouin c’est ça, tu penses que ça l’arrivera jamais hen tu penses que y’a rien qui va t’arriver, tu te penses invincible, tu penses que tu vas être jeune toute ta vie toi hen.
–       Ok.

J’ai une amie qui va rester jeune toute ma vie, elle va avoir 17 ans toute ma vie, la chanceuse. Toute ma vie, elle aura des hautes pommettes roses, tout restera bien en place à sa place. Ses cheveux seront toujours blond bébé, ses belles bouclettes redescendront jamais. La fille, tellement chanceuse qu’elle aura jamais à remplacer ses piles dans son MP3, elle aura jamais à payer pour downloader sa musique, elle aura jamais à changer son adresse e-mail pour qu’elle fasse professionnel, elle aura jamais à se forcer pour aller à Pâques dans la famille de son chum, pas de conversations à Noël sur ses choix de vie avec du monde qu’elle connaît à peine, pas à se lever pour faire du 9 à 5, pas de couches à changer, pas de boss qui la fait chier, pas de collègues à remplacer, pas de métro à prendre à l’heure de pointe. Ses seins; toujours durs et ronds et hauts, ses fesses même chose, ses yeux deux grosses billes vertes au milieu de sa peau de face lisse comme une couverture de livre neuf, son bras jamais mou quand elle dit bye bye, elle décevra jamais personne, elle se décevra jamais elle-même non plus. La chanceuse.

Pas de bière dans un parc au printemps, de rendez-vous-café improvisés en après-midi avec ses cousines, pas de regards remplis de sous-entendus avec sa mère, pas de jeux de société avec ses colloques jusqu’aux petites heures du matin un mardi soir, pas de paires de billets gratuits surprises pour un band qu’elle adore, pas de films bien enveloppée dans une doudou, pas d’odeur de feuilles mouillées à l’automne, pas de fous-rires incontrôlables, pas de bains, pas de douches, pas de festivals, pas de neige, pas de chalet, pas de BBQ, pas de pantoufles, pas de baignade, pas de rides de char pour revenir de quelque part, pas de collage de foufounes sur son chum avant de s’endormir, pas de marche à prendre pour se rendre nulle part, pas de sieste, pas de smootie, pas de fin d’exercice, pas de samedi matin avec rien de prévu à l’horaire. Elle aura jamais à bercer personne, elle aura pas à border qui que ce soit, elle aura jamais à voir son père pleurer de joie. La chanceuse.

2013-05-11 14.09.59
De toute ma vie elle vieillira jamais.

À relire dans 10 ans en riant.

Salut, j’espère que tu vas bien, moi ça va bien, je pense. Je sais que tous les deux à un certain moment de notre vie on a douté que ça se puisse, mais je te jure, je pense que je vais bien au complet. J’ai pensé à toi tantôt pour la première fois depuis très longtemps, je remplissais les paniers à godets de lait à ma job et notre chanson est passée à la radio.

C’est même pas une vraie chanson en plus, notre chanson, c’est ça qui est effrayant, c’est genre une chanson inventée dans un film, reprise par un gars après le film, je savais même pas qu’elle se pouvait en dehors du film, mais j’ai entendu nos paroles, c’était drôle.  Au début je l’écoutais sans porter attention, pis finalement j’ai catché que je connaissais toutes les paroles de notre toune de une minute cinquante-cinq secondes, c’est même pas un format standard, faudrait que j’appelle Rouge FM pour leur demander qu’est-ce qui s’est passé, penses-tu qu’ils vont la refaire jouer? Pis pourquoi ils l’ont mise aujourd’hui ? J’écoute pas Rouge FM en général, peut-être que si j’avais encore vingt ans je penserais que c’est un signe, pas dans le sens qu’à vingt ans j’étais épaisse, juste que dans ce temps-là, je voulais voir des signes partout qui m’auraient reliés à toi.

En ce moment, j’ai aucune idée de ce que tu fais, avec qui tu es, à qui tu parles, si ta sœur va bien, c’est qui tes amis, c’est où t’habites, je pense que t’es rendu avec une filleule ? j’invente un peu, je sais rien je te dis. Je sais que t’as une blonde, est smatt et je trouve ça cool pour vrai que vous soyez ensemble, je me doute de ton repas favori, mais sérieux je mettrais pas ma main au feu pour défendre c’est quoi ton repas favori, mettons si j’allais chez Subway, je pourrais vraiment pas commander à ta place, j’aurais peut-être un bon condiment sur trois, j’sais pas, haha j’avais jamais pensé à ça. Je trouve ça drôle de penser à toi, des fois le monde me dit : «PIS LUI LÀ en as-tu des nouvelles ?» Ben la réponse c’est non, c’est fou han moi en tout cas j’aurais jamais cru ça possible. Dans mon ordi j’ai un dossier qui s’appelle : «À relire dans 10 ans en riant», c’est des conversations qu’on avait eues dans lesquelles t’étais particulièrement agressif, je les avais enregistrées en me disant que sûrement un jour j’en rirais. Ça fait pas 10 ans c’est sûr, mais on dirait pas que je vais en rire un jour, je l’ai relu un moment donné et maudit qu’on était tristes et qu’on se le disait pas, je pense que c’est ça qui était drôle, si drôleté il y avait.

C’est tellement vedge de penser qu’un jour, toi, t’étais tout ce que j’avais. Pas dans le sens que tu méritais pas de représenter tout ce que j’avais, c’est dans le sens que maintenant, je suis très loin de tout ça, ben je dis «je», je veux dire «nous» sommes très loin de tout ça. Haha. Nous. Mon Doux. On avait des surnoms, on avait une journée de la semaine qu’on mangeait des choses spécifiques qu’on aimait les deux, on avait notre place dans le lit, on avait des amis communs, on avait des insides, on avait un char chacun avec une déco qui nous rappelait l’autre dans notre pare-soleil, on avait des envies de l’un de l’autre, des noms prévus pour nos enfants, des photos de nous ensemble dans des cadres chez nous, dans ta chambre chez tes parents y’avait une feuille où j’avais écrit : Mes règles dans ta chambre la première règle, je me souviens, c’était : M’embrasser tendrement dès que je franchis le seuil de cette porte. Fuuuuuuuck, c’est cute.

Là ce qu’on a ensemble, c’est un dossier qui s’appelle «À relire dans 10 ans en riant» et aussi une photo de nous deux derrière une autre photo dans un cadre que j’ai dans mon salon, mais c’est pas mal ça, j’ai perdu la lettre que tu m’avais écrite qui était le seul souvenir le fun que j’avais décidé de garder de toi un moment donné que tu m’avais fait particulièrement suer (oh que c’est poli dire suer).  Ayoye, j’ai l’impression de t’avoir rêvé, des fois. Depuis quelques années, quand je parle de toi, faut que je contextualise mes interlocuteurs, parce qu’ils te connaissent pas.

AUSSI JE VEUX TE DIRE QUE MAINTENANT J’AIME LES ANIMAUX. JE TE JURE, mais sûrement que malgré ce nouvel intérêt, j’aimerais quand même pas ton chat. Non, désolée. Ohhhhh ça, impossible. Je pense qu’il est mort ? j’invente je te dis, je sais rien. Shit c’est fucké.

La dernière fois qu’on s’est vus, ça fait déjà deux ans, je crois. En fait je le sais là ça va faire 2 ans en avril. T’avais rien perdu de tes tics, t’avais rien perdu de ton regard fuyant, t’avais rien perdu de ta voix, t’avais rien perdu de tes jokes, t’avais rien perdu de, bon ok je vais le dire, ta belle face. Moi, je me souviens que j’étais très nerveuse parce que je pensais que je te connaissais pus et que finalement quand t’étais devant moi, je réalisais que je la connaissais, cette jambe droite qui se faisait aller en dessous de la table, je le connaissais encore, ce regard qui passe du coq à l’âne 36 fois par minute, cette voix faussement posée qui demande rienk à faire des crescendos de temps en temps quand tu t’énerves pour rien ou quelque chose, pis ta face de crasse, ben elle, elle change pas on dirait t’sais.

La dernière fois qu’on s’est parlés vraiment, c’était je me souviens même plus quand, mais ça fait très longtemps. Tu m’avais appelée pendant la nuit, j’avais répondu, encore endormie, comme si c’était normal que tu m’appelles à ce moment-là, à cette heure-là, comme quand tu m’appelais pour me dire que t’étais arrivé chez vous quand on avait pas passé la soirée ensemble, ou comme quand je t’appelais, un peu saoule pour te dire que je t’aimais toi et que c’était important que tu le saches, toi, et que la soirée était le fun, mais moins vue que toi t’étais pas là. J’avais dit: «Allouuuu» et on avait jasé je pense comme cinq-dix minutes, on dirait que tu savais que c’était LÀ LÀ qu’il fallait qu’on se parle, pas avant ni jamais après. On n’avait aucune inhibition, je te parlais doucement en faisant des jokes de dodo avec ma voix de dodo, t’aimais ça, tu renchérissais de douceur, tu me demandais comment avait été ma journée, je te la racontais, tu me parlais de ta fin de session, on disait tellement rien concernant le sort du monde avant ou après nous, on se parlait comme si on avait jamais arrêté de le faire, on a raccroché parce que je travaillais tôt le lendemain, je t’ai dit bye bye avec ton surnom d’amour au bout du bye bye et tu m’avais répondu la même chose avec mon surnom d’amour à moi au bout de ton bye bye. Encore aujourd’hui, j’ai l’impression d’avoir rêvé cette conversation-là, mais je sais que non, elle m’avait fait tellement de bien. C’était notre appel nocturne secret, on pouvait continuer notre vie chacun de notre bord après comme si de rien était, notre appel de réconfort nous prouvait qu’on s’était pas rêvés. Tu disais toujours que j’étais pas une vraie méchante parce que quand tu me réveillais la nuit, j’étais trop gentille, tu disais qu’une vraie méchante est méchante même dans son sommeil. On n’était pas deux méchants, mais on se voulait du mal un peu, je pense. C’est correct, c’est fini, je serre pu jamais les dents quand je pense à toi.

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Sauf que toujours pas envie d’en rire.

DONNEZ AU SUIVANT MA’MOISELLE

Tu m’as appelée tu paniquais ta voix de panique m’a fait paniquer, tu m’appelles souvent en paniquant et ça me fait toujours paniquer. Je suis allée te rejoindre comme toutes ces autres fois, j’avais apporté des collations, des cartes à jouer (?) pis des films qui trainaient chez nous, je voulais bien faire genre : «Ok à soir on fait semblant qu’on est en secondaire 2». Estik que mes films pis moi on aurait pu s’en aller jouer dans un carré de sable à Tombouctou ça aurait pas changé grand chose. Ben oui, j’ai servi à rien. Ça m’arrive souvent de servir à pas grand chose avec toi, mais tu me dis que mon body linguidge tu l’aimes et qu’il te rassure, tant mieux.

Je suis arrivée chez toi, pleine de fausse contenance, je suis allée m’asseoir à côté de toi dans ton lit, je t’ai regardée, t’as souri en te grattant l’oeil, on a braillé en riant un peu, moi parce que j’étais contente d’être là, ça faisait changement de t’entendre pleurer au téléphone, toi parce que tu sais que je sais quand t’as pas dormi. Ça a commencé, t’as dit : «Ouin je feel pas trop», j’ai compris que cette journée-là était pas de celles où on allait faire semblant, j’étais rassurée, mais j’ai détourné le regard, j’attendais que t’enchaines. Je t’ai écoutée me parler de ton problème en souriant de gêne de temps en temps, en faisant une course à relais des yeux entre ta table de chevet et tes yeux rouges avec du vieux mékop coulé, j’ai pas parlé pendant très longtemps, je le connaissais déjà ton problème, j’avais pas besoin de te le dire.  Ma meilleure amie (Polly) a une autre meilleure amie (Dolly).

***

Polly et moi on a commencé à se tenir avec Dolly à peu près au même âge, c’est même moi qui les ai présentées une à l’autre. On se tenait souvent les trois ensemble, dans des partys. Dolly, Polly et moi dans une même soirée, ça donnait quelque chose de complètement éclaté, dans tous les sens du terme. On était des petites crisses et on s’en côlissait. Trio infernal, les gars se retournaient sur notre passage et si on avait eu de la bave de spare, c’est sur qu’on leur aurait craché dans’ face.

Leeeeees gââââââârs, ouin pis! Brise-y son cœur de gârs, ça va être faiteeeee.

Je me souviens d’une certaine fois où, encouragée par Dolly et moi, Polly a volé les bottes d’une fille à la fin d’un party alors qu’on s’apprêtait à quitter. Polly criait : «DONNEZ AU SUIVANT MA’MOISELLE». On courait dans la rue, c’était l’automne, on riait comme des petites chiennes, on répétait : «DONNEZ AU SUIVANT MA’MOISELLE» en arrêtant jamais de trouver ça drôle, ça c’est un exemple, mais j’en ai mille de même, chaque soirée dans (feu) ma mémoire a sa réplique plus ou moins bonne qu’on répétait en boucle de macaroni servi à toutes les sauces quand on se couchait les trois ensemble vers le matin et qu’il faisait déjà bleu dans le ciel.

– Tasse-toi un peu, face de prostituée.
– Ok ouin, mais fucking donne au suivant, ma’moiselle, j’t’ai à l’œil, prochaine fois que quelqu’un te demande de te tasser pis que tu tasses pas, j’appelle fucking Chantale Lacroix, elle va venir te botter ton petit culot de cac de marde, elle va te ramasser la Lacroix, t’auras jamais vu ça.
– Farrrmeeee-laaaaa. Pis donne au suivant, c’est moé le suivant.
– Tu peux pas être le premier pis fucking le suivant.
– Estik m’en va drette dire ça à Étienne mink y m’ertexte.
– Ma’moiseellllllllleeeeeeeee.
(Etc.)

Moi aussi, j’ai souvent trouvé que Dolly faisait ressortir le meilleur de ma personnalité. Pendant des nuits entières, j’ai eu avec elle des conversations que je n’aurais probablement jamais eues de ma vie si elle n’avait pas été là.  Dans la vie en général, j’avais déjà du fun, mais si Dolly était là, mettons qu’on mettait un à la 10 au chiffre de fun. Party 7 sur 10? Invite Dolly, ça va rester un 7, parce que tu peux jamais rien changé au reste du monde dans un party, mais ton 7 à toi va devenir un 7 à la 10 sur 10.

Avec le temps, j’ai catché pas mal d’affaires, genre que brunch c’est breakfast pis lunch dans un même mot, mais ça, ça a pas rapport. J’ai  surtout compris que pour Dolly, ce serait moi ou une autre, elle en avait strictement rien à battre, elle allait continuer de faire ses affaires pis se trouver une autre vie ailleurs dans quelqu’un qui lui accorderait l’attention qu’elle veut. Tranquillement, je l’ai laissée de côté, pas que ça a été facile, non, mais j’ai toujours eu la panique trop facile pour la laisser me laisser dépendre d’elle.

***

Je vaux pas grand chose dans la résolution de ton problème, mais je me dis qu’au moins je suis là. J’ai eu plusieurs dilemmes récemment, à savoir quelle tactique j’allais utiliser pour te faire réaliser que c’était pas normal que tu te pousses toujours d’avec le monde qui t’aime le plus dans des petites comme dans des grosses soirées pour aller chiller toute seule avec Dolly et fuck je suis pas du genre jalouse en amitié, mais là tu développais carrément une histoire d’amour avec elle, que j’approuverai jamais et là je trouve même pu ça un peu drôle. Je suis pas fan du mot normal, mais c’est le seul mot qui me vient en tête, c’est que c’est pas normal votre relation, ou sain si t’aimes mieux regarde prends le mot que tu veux, viens je vais te bercer, les prochains mois vont être tough, mais je vais te faire une tresse regarde viens ça va dégager ton visage.

Un moment donné tu t’en allais veiller, je m’en souviens, il était genre même pas 22 heures, tu m’as dit «Ouin m’a inviter Dolly tout suite sinon fuck pas grand chance j’endure le monde à soir». Et je me suis rappelé toutes ces fois où je te parlais de mes angoisses et je paniquais, je me sentais devenir quelqu’un d’autre que je voulais pas devenir et tu me disais d’apprendre à me faire confiance, apprendre à compter sur moi, tu me répétais comment toi tu me voyais, ça me rassurait que tu me vois forte comme ça, ça m’aidait à y croire. Je me demande quand est-ce que toi t’as commencé à te définir en fonction de Dolly, à te faire un gros auto-fuck you et à te dire que sans elle, tu vaux même pas un tien, ni même deux tu l’auras.

T’engueuler, te bouder ou te laisser t’enfoncer. J’ai choisi aucun des trois, j’ai choisi de juste toujours répondre au téléphone quand tu m’appellerais, avec tout ce que ça implique. Je me suis juré que je serais toujours là, peu importe quoi et souvent t’en as profité. Tu m’as souvent menti, je t’ai jamais confrontée dans ces mensonges-là, je te regardais juste aller, de l’extérieur, j’allais souper avec toi pis après ça tu me disais bonne soirée, t’avais mieux à faire, ailleurs qu’avec moi et mes soirées 7 sur 10. Je veux que tu saches que chaque fois que tu m’as juré que c’était terminé, je t’ai crue, je sais même pas pourquoi encore maintenant, mais je t’ai crue, et je pensais à toi en marchant pour aller travailler, je me disais : «Cette fois-ci, c’est la bonne», je te le jure, j’ai toujours cru en toi.

Je me bats contre un monstre tous les jours de ta vie contre un monstre qui veut toujours plus de toi, tu me dis que tu n’as pas le temps pour plein de choses dans ta vie, que tu dois faire des sacrifices, que tu dois apprendre à bien gérer, tu fais tout ça pour cet hossetie de monstre là et finalement il ne reste plus rien pour moi, ni les autres qui ont toujours été là, ni toi-même qui disparaît à vue d’œil anyways. Tu deviens même pas l’ombre de toi-même, tu deviens un peu comme ce à quoi je sers dans ta vie en ce moment, rien.

Bientôt je t’avertis on va se tanner, benn nonnn on le fera pas on tient trop à toi on va rester, mais on va serrer les dents de plus en plus et toi comme je te connais au lieu d’affronter ça tu vas prendre Dolly par la main, appeler trois quatre de ses bons amis pis vous faire un genre de road trip sur jusqu’à nulle part, tu vas revenir fatiguée pis m’appeler pour me dire que tu veux parler, que tu as un problème, que tu veux vraiment régler ça et je vais y croire que cette fois-là, ce sera la bonne. Je vais toujours y croire, je suis désolée que toi tu y crois pas, je suis désolée qui faille enlever les à la 10 de tes chiffres de fun, commencer à assumer des soirées 7 sur 10 au complet, pis des fois même en bas de ça, on vit avec, on créée plus, on bâcle moins.

T’sais régler ton problème, c’est pas d’être tellement fatiguée que tu t’endures pu le dimanche, te coucher à une heure raisonnable, aller à l’école le lundi, te coucher à une heure raisonnable pour finalement rappeler Dolly le mardi soir parce que tu te dis que t’as été capable d’être trois jours sans la voir (mais tu me dis une semaine).

À date, nos souvenirs ensemble me suffisent encore pour jamais t’abandonner et tes moments de lucidité me comblent de ce manque que j’ai de toi un petit peu chaque jour. Je veux quand même que tu saches que des fois j’ai envie de te dire : «Arrange-toi donc, côliss d’égoïste», je le penserais pas, mais je le feelerais un peu.

Toi tu t’en souviens pas, mais environ la 23e fois que tu m’as dit que c’était  terminé, je t’ai crue (oui), on s’est organisé un rendez-vous dans un parc pour le lendemain, pour en parler, j’étais allée t’acheter ta sorte de pomme préférée pour que ça fasse changement de fumer des clops en parlant, j’sais pas, je voulais bien faire les choses. VLUU L100, M100  / Samsung L100, M100

T’es pas venue au parc, tu m’as textée que t’avais trop de trucs à faire finalement, j’ai mis ta pomme au frigo en revenant chez nous, en attendant la prochaine fois.

Ma petite tiède.

Ton bras sur mon chest tantôt, je l’ai regardé longtemps. Je l’ai regardé longtemps ton bras sur mon chest parce que tout ce que je voyais, c’était ce petit bras mou, sur mon chest. Je voyais rien d’autre que ton bras sur mon chest et je sentais rien d’autre qu’un petit bras mou tiède sur mon chest. Y’avait rien qui reliait ce petit bras mou tiède sur mon chest à quelque chose de plus grand. Ton bras faisait aucun effet dans mon chest, ça aurait pu être un 2 par 4 qui soit déposé là, sur mon chest, j’aurais senti aucune différence.

Tout en toi est tiède pour moi, mais pas tiède semi chaud, je dirais tiède semi froid. Ta présence est tiède, t’es molle, tu m’embrasses raide, tu fais des ronds avec ta langue, mais genre juste des ronds tout le temps et je les trouve bizarres celles qui embrassent comme ça, toi incluse évidemment. Tu penses que je te trouve cute, quand tu vas aux toilettes tu fais des petits pas que tu penses que je trouve cutes, tu changes ta voix pour me parler, tu mets de la crème pis du sucre dans ton café, ayoye prends-toi un vanille française tant qu’à y être, pitié, t’es pas obligée d’en boire du café.

Tu me racontes des histoires de ton enfance, tu me racontes ton voyage en France en 2010 avec ton école de danse, tu me racontes quand t’es stressée, tu me racontes ta mère pis ton père pis ta sœur, tu me racontes ton voisin, j’ai même pas besoin de parler, limite d’écouter, assis sur ton divan, tu me parles de ta journée, j’aime ça, je fixe ton pied sur ma cuisse et je peux me dire tranquille dans ma tête que ton pied sur ma cuisse ça pourrait être une galette de riz je serais sûrement plus content parce que j’aime les galettes de riz.

Ton appart est quand même laid, pas dans le sens crade, ce serait déjà plus intéressant, je veux dire quand même laid y’est bien rangé et ton lit est au milieu de ta chambre sur une base de lit quand même laide que t’as dû acheter chez Ikea à Boucherville avec tes parents qui voulaient bien t’installer dans ton premier appart, t’as suspendu des petites photos de paysages flous au-dessus de ton lit, tes tasses sont dépareillées je fais semblant que j’ai ma préférée, t’aimes ça. Tes colocs gloussent quand j’arrive, sont laids d’être énervés que je vienne faire l’amour avec toi, ils savent sûrement beaucoup d’affaires sur moi, des infos disponibles sur mon Instagram genre le nom de mon ex taggée dans un de mes six posts en 2016, pas des infos que je t’ai données de vive voix, j’aime pas tant ça te parler, ta bouche est laide quand tu souries parce que je te dis quelque chose de personnel.

Là c’est le matin et tu commences à bouger parce que tu te réveilles tranquillement, j’attends que tu te réveilles pour te donner un bec sur le front pas sur la bouche, après tu vas me poser des questions en t’étirant, je vais te répondre que je n’ai pas faim, je suis même un peu pressé, tu vas te retourner de l’autre côté encore à moitié endormie, je vais profiter un peu de la douceur de ton dos entre tes deux omoplates, sauf qu’il n’y a rien de spécial là-dedans, toutes les filles sont douces entre les deux omoplates, t’aimes ça quand je mets ma face là, c’est pour ça que dès que tu te réveilles tu te retournes pour me laisser mettre ma face là, je t’en suis reconnaissant.

Après avoir mis ma face entre tes omoplates, je vais m’en aller chez nous gosser dans mes affaires sans toi, c’est samedi, mais je te dis que je suis occupé quand même. Je vais te laisser me retexter, parce que c’est l’hiver qui s’en vient et j’aime mieux être avec quelqu’un de tiède comme toi que tout seul pendant l’hiver, si tu joues l’indépendante, je vais te texter genre un gif ou de quoi de même, juste pour voir si t’es encore down avec moi, ça me dérange pas, je suis pas stressé, c’est l’hiver et tu es tiède, c’est tout ce que je sais, aussi ton coloc fait de la photo, j’aime ça en parler avec lui ça m’aide à pas trop me concentrer sur toute la crème que tu crisses dans ton café sucré.

 Ma petite tiède

Je pense que je t’aime pas, mais tu vas trouver ça grave si je t’en parle, alors je t’en parle pas.

Photo : Christian Quezada

Plus grande que moi sur les épaules de mon père.

Aujourd’hui je suis triss-pour-vrai, peut-être que demain je serai triss-pour-autre-chose, mais étant donné qu’aujourd’hui j’suis triss-pour-vrai, c’est certain qu’en ce moment je crois pas que ça va passer.

La différence avec d’habitude c’est que d’habitude je peux aller jouer avec mes bébelles électroniques dans mon lit un peu pis pas penser en écoutant de la musique ou des niaiseries, je ris ou je ris pas pendant un certain temps et là ça finit par passer parce que je veux arrêter d’être triss dès que l’occasion se présente, je veux pas être triss-pour-vrai, ça fait trop mal.

MAIS AUJOURD’HUI. J’ai froid, je veux pas faire de bruit parce que tout le monde dort autour de moi ou vit en quelque part où je suis pas, je sortirai pas d’ici certain et je veux pas réveiller ceux qui sont proches parce qu’estik que j’ai pas envie d’les entendre, je peux pas aller prendre une marche parce que je viens de le dire j’ai froid coudonc je me répète mais je le pense encore fak ça compte, j’ai faim, mais sérieux pas tant que ça, c’est sûr que je mangerai pas, je dis j’ai faim un peu comme on dit «salut ça va» quand on croise quelqu’un. J’ai soif de j’sais-pas-quoi, pas soif genre «je boirais une piiiscciiiinne môôôôôôman» non j’ai soif dans le sens que y’a rien qui va me plaire, comme un lendemain de veille d’après j’sais pas mettons 4 jours consécutifs de brosses-bières + 34 clops par soir, kin toé. Ça m’est jamais vraiment arrivé, mais ma soif ressemble à celle-là, bonne chance pour trouver de quoi qui va m’plaire.

Là, étant donné qu’aujourd’hui ben j’suis triss-pour-vrai toute la journée je vais être un peu déçue de chaque petit sourire que je vais faire parce que dans ma tête, ben je suis triss pis c’est ça l’important, moi aussi j’ai le droit d’être triss, c’est important de vivre sa trisstess. Quand les autres sont triss je suis là pour eux je jongle un peu avec leurs situations, je vais les regarder faire des devoirs, je vais être la présence qu’ils ont pas, je vais être leur doudou pendant quelques heures, je vais fumer avec eux, même si je fume même pu, ben là fuck RIGHT HERE RIGHT NOW, MY TURN qu’ils me le prouvent que j’ai pas recommencé à fumer pour eux pour rien. Aujourd’hui j’suis CléopâtreslashCésar et je veux qu’on me nourrisse aux raisins dans une grappe en haut de ma bouche sans que je bouge, ou presque pas, à peine pour pas me faire des plaies de lit, juste bouger un peu pour me tourner de bord dans mon grand lit pour m’étirer un peu comme si j’étais un gros chat sinon pas bouger du tout merci parce que criss j’suis triss pis me semble ça m’arrive pas souvent. Please y’a tu quelqu’un qui va bien vouloir m’aider à être triss au complet genre pas me faire une joke pour détendre mon atmosphère de trisstess non j’ai besoin d’un coup de poing dans’ face pour que ça paraisse que je suis triss-pour-vrai pis que c’est pas un fake-triste ni un prétexte-triss, je suis triss au complet, je veux l’être toute la journée, c’est mon tour, j’ai le droit.  Oui un coup de poing s’il-vous-plaît, je veux tomber en pleine face à terre fort et que quelqu’un me prenne dans ses bras et que j’ai rien d’autre à faire que de chigner vraiment fort pendant qu’il m’essuie la face pleine de sang de ma trisstess qui me coule au grand jour sur le visage. Les passants s’arrêteraient pour se dire dans leurs têtes «ah cette personne a le regard tellement triste, c’est poignant» et j’entendrais leurs pensées parce que je suis CléopâtreslashCésar et je leur répondrais «ce sang-là dans ma face, c’est même pas la pointe de ma trisstess, ma trisstess descend tellement profond dans mon ventre qu’elle mange mon foie messieurs dames, elle se rebelle même contre mes reins, j’suis rendue jaune (pas-serein), mais je le sens pas je te le jure, parce que comment changer le mal de place quand on a mal au cœur-corps au complet?»

Plus grande que moi sur les épaules de mon père.

Aujourd’hui je suis triss-pour-vrai, messieurs dames, tenez-le vous pour dit, votez pour ma trisstess, elle est vraie, elle est grande, plus grande que moi-même, plus grande que moi-même sur les épaules de mon père, plus grande qu’une girafe au zoo. Croyez-la, aidez-moi à l’entretenir, elle a des chances de se hisser aux sommets, je vous le dit, si je pouvais la dessiner personne en reviendrait, elle est plus grosse que ta liste de contacts, plus hideuse que le monde qui font du bullying, plus sneaky qu’un rhume en juillet, plus ordinaire que ça, tu meurs.

Photo : Christian Quezada